Lipoteu
 
COMMENT ET QUAND EST-CE QU'ON DOIT
DIRE
 
Knid-Abèye
Djof ! Seïtch-œz
Œupeïtch EUH !
Ikaï Yé whô-guéïscht
Kondaveïze et Shimé
A yeudèbe
 
Toutes les vidéos
 
arf
Shréwéguéti…
in fine

Le LIPOTEU est un véritable système de pensée objectif qui élabore les bases didactiques d’une logique indépendante du langage, de la langue, du palais et même des becs de lièvre. C’est une langue complexe qui ne ressemble à aucune autre. Elle ne sert pas à instruire ou à convaincre, ni même à communiquer ou à distraire, mais plutôt à soulager.

C’est la langue officielle de Pleurésie du sud. Ses habitants sont en général petits, ratatinés, chétifs et malades. Il n’est pas rare que certains originaires de ces régions hostiles défuntent après avoir réussi à prononcer correctement un seul mot (parfois même dans d’atroces souffrances). Cependant, peu de gens pratique le lipoteu dans le monde. On peut d’ailleurs difficilement parler de pratiquants, étant donné que leur nombre ne dépasse pas deux personnes ; et encore, l’une d’elle est partie s’exiler à plus de dix-milles kilomètres de son seul et unique interlocuteur. Ce qui limite considérablement le discours et les échanges, bien qu’il n’y ait ni discours ni échanges. Chaque mot – ou chaque bruit – correspond à une idée primaire qui se définit par le contexte et la mimique. Des fois par rien. Certains mots ne se prononcent même pas, ils se hurlent à la cantonade sans raisons apparentes.
Mais quel soulagement !

« La puissance d’abstraction qu’exige une telle langue » fait penser, comme le rapporte David Brodie dans le Livre de Sable (J. L. Borgès) à propos du langage des Yahous, que les pleurésiens du sud ne sont pas une nation primitive mais bien plutôt dégénérée. Il arrive que le seul pratiquant qui reste ne comprenne pas lui-même ce qu’il dit, ni pourquoi il le dit. Encore moins pour quelles raisons il continue de le dire.

On accueillera donc ces locutions avec réserve et circonspection, mais aussi avec bonheur et naïveté. Je parle ici de la saveur sonore qui reste un délice pour l’esprit et du beurre pour l’oreille. On observera néanmoins la plus grande prudence quant à leur application dans les écoles, la configuration du cerveau humain ne se prêtant pas encore aux transfigurations sémantiques qu’impose une telle langue. Nous ne savons par quel miracle les mots qui suivent ont pu subsister et encore moins comment ils ont pu arriver jusqu’à nous. Mais qu’importe, pourvu qu’on ait l’ivresse et la retraite des cadres.

Et bonne euphonie mes amis !

 

Retour Début